DISPARITION D UN GEANT 21 octobre, 2009
Posté par P7R dans : Histoire , trackbackLe dernier des gentlemen drivers (car un terme équivalent n’existe pas pour les régatiers) l’emblématique Marcel Buffet, monument de la régate nationale et pilier inconditionnel du 505, cet extraordinaire dériveur léger dessiné en …1954 par le très british » John Westel, vient de prendre son envol pour un dernier planning sous spi à l’age de 87 ans cet été, à l’hopital Ambroise Paré de Boulogne, pendant son sommeil, probablement d’une crise cardiaque. Toujours discret l’ami Marcel avait choisi une fin de mois d’aout pour ne pas déranger ses nombreux copains et amis, avait donné des instructions pour se faire incinérer dans la plus stricte intimité et une possibilité de réunir ses amis sur le plan d’eau de Meulan, son cher plan d’eau sur lequel il avait fait ses premières armes avant guerre, pour répandre ses cendres et celles de sa femme Huguette.
A 85 ans Marcel tenait toujours gaillardement la barre de son Cinquo.
Grand pavois au Cercle de la Voile de Paris, un des clubs doyens, fondé en 1896 pour la cérémonie des cendres de Marcel Buffet.
Photo regroupant plusieurs générations d’équipiers de Marcel, de quoi faire 3 équipes de rugby à XV.
Moment d’intense émotion : le 505 de Marcel remonte la Seine remorqué par un Riva du CVP, ses cendres et celles de sa femme Huguette sont répandues et poussées vers l’ouest par une brise d’automne sur ce plan d’eau où il est né à la navigation, devant ce club qu’il n’a jamais quitté, sur ce plan d’eau où il a régaté pendant un demi-siècle.
Quelques liens :
www.voilesetvoiliers.com/voile-legere/article/2162/5o5-disparition-de-marcel-buffet
www.voilesnews.fr/fr/info_28_22306.html
www.hem.passagen.se/waterat/marcel.html
Palmarés (succinct) de Marcel Buffet (sources revue Voiles et Voiliers)
Champion du monde en 1959 et 1960 avec Patrick Wolff. Second en 1966 avec Daniel Nottet. Deux fois troisième. Champion de France en 1959 et 1960 avec Patrick Wolff, en 1966 avec Daniel Nottet, en 1974 et 1975 avec Thierry Moreau-Desfarges. Champion d’Algérie 1960 avec Patrick Wolff. Champion d’Angleterre en 1974 avec Thierry Moreau-Desfarges. Nombreuses victoires dans les grandes épreuves classiques, Semaines internationales de Kiel, La Rochelle… 2e de l’épreuve de Ski Voile d’Antibes, en janvier 2008. |
Marcel et ses équipiers :
Comme on peut le voir sur une des photos ci-dessous regrupant la plupart de ses équipiers, il a usé plusieurs générations d’équipiers, mais quelques uns sont plus emblèmatiques comme Patrick Wolff avec lequel il a été champion du monde des 505 en 1959 et 1960, Marcel et Patrick formant à l’époque un équipage de beaux gosses tout en apportant à la France ses premiers titres mondiaux. Puis Alain Lehoerf, hélas disparu prématurément, l’équipier de la préparation olympique en Flying-Dutchman et qui toute sa vie aura le chagrin de ce chavirage dans les JO de Tokyo les privant d’une médaille de bronze (l’équipage Buffet-LeHoerf 4ème). A propos de Daniel Nottet la légende veut que le jeune Daniel désirant s’initier au dériveur débarqua au volant de sa CooperS au très sélect Cercle de la Voile de Paris pour se renseigner et le premier quidam qu’il interrogea se révéla être Marcel qui cherchait un équipier …pour le championnat du Monde des 505 en 1966 à Adélaîde Et c’est comme cela après de rudes mois d’entrainement que l’ami Daniel se retrouva de débutant à équipier de haut niveau de la star française de la régate. La légende est belle, trop belle penseront certains mais comme professait John Ford dans « L’homme qui tua Liberty Valance » : « quand la légende est plus belle que la réalité, écrivez la légende« . Thierry Moreau-Desfarges (J’ai la chance d’avoir 2 équipiers Moreau et Desfarges, pour le prix d’un gouaillait Marcel) est entré dans la légende en étant avec Marcel le seul équipage français a avoir gagné le championnat de Grande-Bretagne des 505, un exploit resté unique depuis.
Marcel et moi :
Le paradoxe a voulu que je l’ai cotoyé pendant plus de 45 ans sans avoir jamais eu l’opportunité d’être son équipier comme la plupart des membres de cette génération qui a connu l’age d’or de la régate entre 1960 et 1980. Acte 1 : championnat du monde des FD sur le Starnbergerzee (au sud de Munich) en septembre 1963. Marcel équipé par Alain LeHoerf prépare en fait les Jeux de Tokyo (ils termineront 4ème, la médaille de bronze perdue pour un chavirage dans la dernière manche) et moi je découvre la haute compétition avec l’ami Michel. Marcel est alors au mieux de sa forme physique, et en l’entendant parler on pense à Belmondo sur des dialogues d’Audiard. Acte 2 : championnat du monde des 505 à la Baule en aout 1967, 140 bateaux au départ, Marcel est parmi les meilleurs comme d’habitude , moi et mon barreur perdus dans le peloton. Puis les années se succèdent, les rencontres lors des grandes semaines internationales ou les championnats, les uns aprés les autres nous décrochons de la haute compétition, Marcel imperturbable continue, usant des générations d’équipiers et rêvant sans doute de mourir tel Molière, à la barre de son cinquo. Dernière rencontre : il y a 2 ans nous déjeunons dans le resto de son quartier à l’orée de la forêt de Saint-Cucufa, le coup de fourchette solide, la langue bien pendue du parigot qu’il est resté, inusable Marcel.
Marcel disait :
« Je suis célèbre, très célèbre, mais dans un tout petit milieu «
« On n’emmène pas son nougat quand on va à Montelimar » à propos des équipiers qui emmenaient leurs groupies avecx eux en régate.
« Quand on est au bal, il faut danser » quand le vent sifflait dans la rue du quai et que les équipiers ne se sentaient point trop de partir.
« Le 505 est le plus merveilleux des dériveurs, un point c’est tout ! »
« La régate se meurt car les jeunes ne sont plus des chiens enragés «
Ainsi parlait le grand Marcel, avec cet accent parigot style pur Audiard ..que Belmondo s’est efforçé d’imiter pendant toute sa carrière.
Commentaires»
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Bonjour. J’ai eu le plaisir de participer à un championnat de France à St-Quay-Portrieux sous le N°1113 dans les années 60. Buffet; un grand bonhomme qui suscitait l’admiration par son talent à la barre. Un souvenir ému de notre jeunesse . Merci Marcel pour ton exemple qui à fait de nous des gagneurs. S’accrocher; même si la victoire n’était pas au rendez vous.